Journal l’Ardennais du 28 mai 2008
Le photographe Fabien Legay a suivi le cours de la Meuse et s'est laissé bercer par elle. Résultat : une quarantaine de photos en noir et blanc… de bonheurs et de souffrances.
"Fabien Legay demeure un photographe du noir et blanc." photo © P. Flashgo
Noirs profonds.
Mais cela n'était pas une raison pour ne pas lui demander comment il la voit cette si douce et si âpre vallée de la Meuse à côté de laquelle il est né.
Et Alain Tourneux se réjouit de pouvoir régulièrement susciter le travail de différents photographes, pour rendre compte, par l'art photographique, du département et de son chef-lieu.
Fabien Legay a repris en partie le même chemin que celui précédemment emprunté pour la réalisation (avec Fanny Mauzat) d'un très beau livre de portraits d'immigrés, Entre deux terres.
Deux tiers de paysages vides, un tiers de portraits très serrés d'anonymes, jeunes ou vieux, rencontrés au hasard des pérégrinations du photographe armé de son Mamiya 6 x 6. « En fait, j'ai traité les portraits… comme des paysages », explique Fabien Legay.
Un traitement tout en contrastes, restituant des noirs profonds.
Simples et denses.
Une berge de pierres bien rangées à Revin ; la silhouette découpée des pics des Quatre fils Aymon à Bogny avec, au premier plan, une glissière de sécurité… parce qu'elle est là, le long de la route, et qu'il n'est pas question de faire semblant de ne pas la voir ; un promeneur dans une forêt de sapins ; un autorail luisant de la lumière du crépuscule ; des rails, des ponts, des routes qui longent ou enjambent cette Meuse noire et impassible ; quelques vues crépusculaires volontairement floues… comme lorsque le regard s'embue sous la pluie
Bref, des images simples et denses qui vont tout de suite à l'essentiel et traduisent une tension de l'instant...
Patrick Flaschgo
« Bercé par la Meuse », photographies de Fabien Legay, 2e étage du musée Rimbaud. Jusqu'au 21 septembre. Catalogue, éditions Passage du Nord-Est, sur place à 16 euros.