mercredi 28 mai 2008

L'homme qui se laissait bercer par la Meuse

Journal l’Ardennais du 28 mai 2008 

Le photographe Fabien Legay a suivi le cours de la Meuse et s'est laissé bercer par elle. Résultat : une quarantaine de photos en noir et blanc… de bonheurs et de souffrances.

Fabien Legay fait partie de ces photographes qui travaillent encore avec du film argentique. Il en reste plus qu'on ne croit qui ne sont pas passés à cette technologie numérique… si pratique et si rapide ! Mais, après tout, dans son projet, Fabien Legay avait besoin de prendre son temps.
Prendre le temps de « capter l'intensité de ces paysages de roches et de forêts, de retranscrire l'indicible mélancolie qui se dégage des méandres de la Meuse », comme il l'écrit lui-même en préface du portfolio édité à l'occasion de l'exposition Bercé par la Meuse qui vient de s'ouvrir au musée Rimbaud.
Fabien Legay est quelqu'un « qui sait capter la lumière », a dit le maire Claudine Ledoux en inaugurant l'événement aux côtés d'Alain Tourneux, le conservateur des musées municipaux, qui expliquait qu'on n'avait  accueilli Fabien Legay « en résidence » à la Maison des Ailleurs (comme plusieurs autres photographes l'ont déjà été)…   










"Fabien Legay demeure un photographe du noir et blanc." photo © P. Flashgo

Noirs profonds.
Mais cela n'était pas une raison pour ne pas lui demander comment il la voit cette si douce et si âpre vallée de la Meuse à côté de laquelle il est né.
Et Alain Tourneux se réjouit de pouvoir régulièrement susciter le travail de différents photographes, pour rendre compte, par l'art photographique, du département et de son chef-lieu.
Fabien Legay a repris en partie le même chemin que celui précédemment emprunté pour la réalisation (avec Fanny Mauzat) d'un très beau livre de portraits d'immigrés, Entre deux terres.
Deux tiers de paysages vides, un tiers de portraits très serrés d'anonymes, jeunes ou vieux, rencontrés au hasard des pérégrinations du photographe armé de son Mamiya 6 x 6. « En fait, j'ai traité les portraits… comme des paysages », explique Fabien Legay.
Un traitement tout en contrastes, restituant des noirs profonds.
Simples et denses.
Une berge de pierres bien rangées à Revin ; la silhouette découpée des pics des Quatre fils Aymon à Bogny avec, au premier plan, une glissière de sécurité… parce qu'elle est là, le long de la route, et qu'il n'est pas question de faire semblant de ne pas la voir ; un promeneur dans une forêt de sapins ; un autorail luisant de la lumière du crépuscule ; des rails, des ponts, des routes qui longent ou enjambent cette Meuse noire et impassible ; quelques vues crépusculaires volontairement floues… comme lorsque le regard s'embue sous la pluie
Bref, des images simples et denses qui vont tout de suite à l'essentiel et traduisent une tension de l'instant...

Patrick Flaschgo

 

« Bercé par la Meuse », photographies de Fabien Legay, 2e étage du musée Rimbaud. Jusqu'au 21 septembre. Catalogue, éditions Passage du Nord-Est, sur place à 16 euros.

vendredi 16 mai 2008

"Bercé par la Meuse" au Musée Arthur Rimbaud
































photographies © Fabien Legay

En juin 2007, je débute ce travail sur la Vallée de la Meuse. Le Fleuve me servira de fil conducteur tout au long de mon périple photographique.

J’ai envie de capter l’intensité de ces paysages de roches et de forêts, de retranscrire l’indicible mélancolie qui se dégage des méandres de la Meuse.

De comprendre aussi comment cet environnement si particulier façonne les hommes et les femmes qui y vivent.

Rapidement, je pressens que cette Vallée ne se laissera pas saisir si facilement.

La lumière change sans cesse. On passe en quelques instants de la pénombre pluvieuse la plus dense à la clarté éblouissante d’une trouée de soleil à travers les nuages…

Ma quête de la lumière se transforme vite en une course-poursuite d’un versant rocheux à un autre.

Il me faudra comprendre cet étrange jeu de clair-obscur qui se répond d’un massif à l’autre avant de pouvoir prendre mes repères.

A force de patience, d’innombrables trajets à travers les routes et les chemins de la Vallée, les choses s’installent peu à peu.

Sans que l’on s’en rende vraiment compte, on répond à des rendez-vous tacites : tel rocher, telle portion de route ou de forêt dévoile des reflets inattendus à certaines heures bien précises… 

On commence aussi à percevoir le caractère hypnotique de la ligne sinueuse du fleuve à laquelle fait écho la ligne dentelée des crêtes rocheuses.

Lignes de force parallèles qui semblent s’étendre à perte de vue.

Double épine dorsale d’une terre où les hommes ont toujours dû lutter âprement pour se faire une place.

Ce travail est aussi parsemé de rencontres.

Patriarche croisé à l’orée d’un bois, groupe festif au pied des quatre fils Aymon, ouvrier prenant sa pause…

Durant les quelques mois consacrés à ce travail, j’ai tenté de rapporter des fragments de cette Vallée.

Je me suis moi aussi laissé bercer par la Meuse… 


photographies de Fabien Legay
Musée Arthur Rimbaud
Quai A. Rimbaud - 08000 Charleville-Mézières 
Exposition présentée du 17 mai au 21 septembre 2008
Vernissage le 17 mai à partir de 11h00 

Catalogue de l'exposition "Bercé par la Meuse"


"Bercé par la Meuse"
Photographies de Fabien Legay
Mars 2008 - Editions Passage du Nord-Est
Format 15 x 19 cm
96 pages / bichromie
16,00 €
ISBN : 978-2-916930-02-6

lundi 5 novembre 2007

Parution du livre "Entre deux terres"

Les Ardennes ont connu de longue date des flux migratoires intenses. Venus de Pologne, d’Italie, d’Algérie ou de plus loin encore, des hommes et des femmes ont emprunté le chemin de l’exil pour s’installer sur le territoire. De la rupture initiale avec la terre natale jusqu’à l’enracinement sur la terre d’accueil, il y a un cheminement complexe et sinueux qui s’étale souvent sur toute une vie.

A travers les témoignages et les portraits photographiques de personnes issues de générations et d’horizons très divers, ce livre tente de retracer un panorama des vagues migratoires qui ont nourri le département de leurs influences. Il interroge sur le déracinement, le fait d’être étranger et le processus d’appropriation d’une nouvelle existence à construire en terre d’exil.

Ce voyage au fil des vies nous dévoile une facette étonnante des Ardennes et nous éclaire sur la richesse de sa population. 


"Entre deux terres"
Fanny Mauzat / Fabien Legay
 2007 - Editions Passage du Nord-Est
Format 18 x 22 cm
136 pages / bichromie
22,00 €
ISBN : 978-2-916930-03-9

vendredi 2 novembre 2007

Les hommes seuls











photographie © Fabien Legay

On estime qu’entre 1945 et 1975, un logement sur deux, 90 % des autoroutes et une machine sur sept ont été construits par des migrants.

La figure récurrente de l’immigré d’après-guerre, c’est celle du travailleur. On le fait venir parce qu’on a besoin de lui. On pense qu’il ne restera que le temps d’accomplir sa tâche.

Tels des éclaireurs, les hommes viennent seuls ou à plusieurs, d’une même région, souvent d’un même village.

Poussés par le manque de perspectives dans leur pays natal, ils rencontrent un recruteur. Ils passent les tests, les visites médicales et reçoivent le précieux sésame pour le départ : un contrat de travail.

Le voyage est interminable. L’angoisse monte à l’approche de la gare d’accueil. On pose enfin le pied sur cette terre porteuse de tant d’espérances. Mais les rêves de cet ailleurs qu’on croyait pavé d’or s’effritent rapidement. La réalité éclate crûment : la langue que l’on ne comprend pas, les visages qui paraissent si austères. Et puis le travail. Ces hommes qui viennent majoritairement de zones rurales n’avaient jamais imaginé ces décors infernaux : poches géantes déversant le métal en fusion, hauts-fourneaux crachant leur poussière noire nuit et jour…

Dans les années de l’après-guerre, rien n’est prévu pour l’hébergement de ces hommes qui affluent si nombreux. On se loge comme on peut ; garnis surpeuplés, baraquements, chambres borgnes.

On s’entasse avec les compatriotes, on élabore des stratégies : travailler toujours plus, économiser le moindre sou et, dans deux ans, retourner au pays avec cette fortune si péniblement amassée. On cherche perpétuellement une meilleure place, un poste qui va permettre de gagner plus, plus vite. De toute façon, il y a du travail partout à cette époque.

Les moments de détente sont rares dans ces vies. Le week-end, les cafés sont bondés. Il n’y a pas beaucoup de voitures mais on trouve toujours une solution pour aller faire la fête en Belgique.

Les années passent. Le cercle des connaissances s’agrandit, des habitudes nouvelles s’installent. On travaille, on se love dans une routine rassurante. La langue n’est plus une angoisse permanente. On retourne au pays à l’occasion des congés d’été mais le travail vous rappelle bien vite en France. On rencontre une femme, ici ou lors d’un retour au pays. On se marie.

On a envie de se fixer un peu, de construire quelque chose. Les projets qu’on destinait au pays natal, on peut aussi bien les réaliser ici… On s’installe, on fait venir l’épouse, on s’enracine. Et le mythe du retour s’éloigne peu à peu.

Fanny Mauzat

(Extrait du livre "Entre deux terres" Passage du Nord-Est - 2007)

mercredi 30 mai 2007

Presse


Chanzy attend sa future galerie d’expo

L'union du 30 mai 2007

















De gauche à droite : Denis Vincenot, Fabien Legay et Fanny Mauzat, Jean-François Lebeau (professeur d’arts plastiques), Catherine Buffet (responsable de l’action culturelle à l’Inspection académique) et Thierry Chantegret.

Patrick Flaschgo

Suite et fin (provisoire) d’une aventure photographique menée cette année scolaire au lycée Chanzy sous le titre de L’œil nomade.
En décembre 2006-janvier 2007, le photographe en résidence Thierry Chantegret exposait ses images ramenées de voyages en Inde dans une série intitulée « Je ne fais que passer… ».
Sur mars-avril derniers, c’était au tour de l’Ardennais (d’origine) Christophe Loiseau de suspendre aux cimaises de Chanzy ses clichés rapportés également d’un voyage indien dont il rentrait à peine.
Ce cycle de trois expositions dans l’actuel « lieu culturel » du lycée s’achève ces jours-ci avec une double présentation des photographies de Fanny Mauzat et de Fabien Legay, deux photographes, ardennais eux aussi, qui sont allés respectivement au Viet Nam et en Birmanie.
Cette exposition, qui avait déjà été inaugurée une première fois à la galerie du Metropolis au début de l’année, a été ici augmentée d’une dizaine de nouvelles photos.

mercredi 23 mai 2007

Invitation





























Vernissage le jeudi 24 mai 2007 à 18h15, galerie d'établissement du lycée Chanzy à Charleville-Mézières.

Exposition présentée du 10 mai au 31 mai 2007.